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Impact de la consommation de sel sur la pression artérielle et le risque d’hypertension artérielle chez les adultes vivant dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun
Abstract
Introduction. Il est établi qu’une consommation excessive de sel augmente la pression artérielle (PA) et le risque d’hypertension artérielle (HTA). Le but de cette étude était d’évaluer l’impact de la consommation de sel, estimée par l’excrétion urinaire de sodium, sur la PA et le risque HTA dans l’extrême-Nord du Cameroun.
Méthodes. Des enquêteurs bien entraînés ont recueilli les données socio-démographiques, les habitudes de vie et l’histoire médicale de 889 adultes (âge moyen : 39±15ans, 58.5% d’hommes), dont 461 en milieu urbain (Maroua) et 428 en milieu rural (Tokombere), et obtenu l’indice de masse corporelle (IMC), la circonférence abdominale (CA), la PA, la glycémie capillaire à jeûn et un échantillon casuel d’urines matinales. L’excrétion urinaire de sodium et potassium était mesurée par photométrie de flamme. Conformément aux directives de la Société Européenne de Cardiologie, l’HTA était définie pour une PA≥140/90 mmHg ou la prise de traitement anti-hypertenseur.
Résultats. La prévalence globale d’HTA standardisée pour l’âge était de 37.8% (urbain : 41.2% ; rural : 34%;). Les PA systolique (PAS), diastolique (PAD) et moyenne (PAM) ajustées pour l’âge étaient plus élevées chez les participants de Maroua que chez ceux de Tokombere (tous les p<0.05). L’excrétion urinaire de sodium était également plus élevée à Maroua qu’à Tokombere : 103.7±56.3 mmol/L vs 91.5±50.5 mmol/L, p=0,009. Chez l’ensemble des participants, l’excrétion urinaire de sodium était plus élevée chez les hypertendus que les normotendus (p< 0.05).
Dans l’ensemble de la population d’étude, au-delà des seuils recommandés, une excrétion urinaire de sodium d’1mmol/L augmentait les PAS, PAD et PAM (ajustées pour l’âge, l’IMC et la CA) de 1,24, 1,16 et 1,29 mmHg, respectivement (tous les p<0.01). En régression logistique l’excrétion urinaire du sodium (Odd ratio :1,009 ; intervalle de confiance à 95% (1,005-1,013), p< 0,0001), l’âge (1,04 ; 1,02-1,05, p< 0,0001), l’obésité abdominale (1,95 ; 1,08- 3,52, p=0,026) et le diabète sucré (2,13 ; 1,11 – 4,02, p=0,022) étaient les principaux déterminants indépendants de l’HTA.
Conclusion. Cette étude nous renseigne que la consommation du sel est plus élevée en milieu urbain qu’en zone rurale dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Il en ressort également qu’une consommation accrue du sel augmente remarquablement la PA et contribue à l’incidence d’HTA indépendamment des facteurs de risque classique. Nos résultats soulignent l’importance de la mise en oeuvre de mesures préventives à l’échelon communautaire, axées notamment sur la sensibilisation des populations à l’importance de réduire la consommation alimentaire en sel.
Mots clés: Hypertension artérielle, pression artérielle, sodium, extrême-Nord du Cameroun, urbain, rural
English Title: Impact of salt intake on blood pressure and hypertension risk among adult dwellers living in the Far-North region of Cameroon
English Abstract
Background. High salt intake increases blood pressure (BP) and hypertension risk. This study aimed to assess the correlation between urinary sodium excretion, a surrogate measure of salt intake, and BP or hypertension risk in adult dwellers living in the Far-North region of Cameroon.
Methods. We obtained anthropometric data and information on life habits and medical history in 889 dwellers (mean age: 39±15 years, 56.7% males), 461 in an urban (Maroua), 428 in a rural (Tokombere) setting, using a multistage cluster sampling frame. Body mass index (BMI), waist circumference (WC), BP, fasting capillary glucose and single overnight spot urine samples were assessed in all participants. Urinary sodium and potassium excretion was determined by flame photometry. According to the European Society of Cardiology guidelines, Hypertension was defined as BP > 140/90mmHg or ongoing antihypertensive therapy.
Results. The age-standardized prevalence of hypertension was 37.8% (rural: 34%; urban: 41.2%). Age-adjusted systolic (SBP), diastolic (DBP) and mean arterial (MAP) BP were higher in urban than rural dwellers (all p<0.05). Similarly, mean urinary sodium excretion was higher in urban than in rural subjects: 103.7±56.3 mmol/L vs 91.5±50.5 mmol/L, p=0,009. In both study groups, urinary sodium excretion was higher in hypertensive patients than in normotensive subjects (p<0.05). In all surveyed dwellers, salt intake up to 1 mml/L significantly (all p<0,01) increases age-, BMI- and WC-adjusted SBP, DBP et MAP levels by: 1,24 mmHg, 1,16 mmHg et 1,29 mmHg, respectively. In multivariable regression analysis urinary sodium excretion (Odd ratio:1,009; 95% confidence interval (1,005-1,013), p< 0,0001), advanced age (1,04; 1,02-1,05, p< 0,0001), abdominal obesity (1,95; 1,08- 3,52, p=0,026) and diabetes (2,13; 1,11 – 4,02, p=0,022) emerged as independent determinants of hypertension in the whole study group.
Conclusion. Our findings indicate a higher urinary sodium excretion rates among urban than rural Far-North Cameroon region dwellers. High salt in diet increases blood pressures and emerged as a major driver of hypertension in this population. Our findings highlight the need for prevention measures targeting healthier lifestyles including reduction of dietary salt intake at the population level.
Keywords: Urinary sodium excretion, blood pressure, hypertension, rural, urban, Far-North Cameroon