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Impact de la production céréalière et des prix des céréales sur la consommation alimentaire et l’évolution des moyens de subsistance des ménages au Burkina Faso
Abstract
La mesure de l’insécurité alimentaire est la préoccupation majeure des pays du Sahel comme le Burkina Faso pour anticiper les crises. Ce travail a pour objectif de déterminer les relations entre les variables collectées régulièrement par les systèmes d’information nationaux et les résultats primaires de la sécurité alimentaire que sont la consommation alimentaire des ménages et l’évolution des avoirs relatifs aux moyens d’existence. Cela permet aux analystes de suivre et d’informer rapidement sur l’évolution de la situation alimentaire et de faciliter la prise de décision. Ces informations permettront également d’orienter la réponse en direction des populations les plus affectées. Les résultats des enquêtes de vulnérabilité conduites au Burkina Faso sur plus de 20000 ménages en 2016, 2017 et 2018 et représentatifs au niveau provincial ont servi de base de travail. Des analyses de corrélation et de régression ont été effectuées entre la production céréalière totale, la variation annuelle de la production, les prix des céréales, les dépenses alimentaires des ménages d’une part, et les indices d’évaluation de l’insécurité alimentaire (indice des stratégies d’adaptation basées sur la consommation alimentaire, et stratégies d’adaptation basées sur les moyens de subsistance) d’autre part. Les bonnes productions agricoles céréalières de la province influencent positivement le niveau de consommation alimentaire des ménages et réduisent leur recours à des stratégies extrêmes basées sur les moyens d’existence et sur la consommation alimentaire. Le prix élevé des céréales et sa forte variation impactent négativement les moyens de subsistance et la consommation alimentaire des ménages, tout en accentuant leur recours à des stratégies extrêmes d’adaptation, surtout dans les zones de faible production céréalière. En plus, lorsque les dépenses alimentaires des ménages sont inférieures à 50% des dépenses totales, cela favorise la préservation des moyens de subsistance et améliore leur consommation alimentaire. À l’inverse, lorsque les dépenses sont supérieures à 75%, la vulnérabilité des ménages face à la baisse de la production agricole et à la hausse des prix des céréales est accentuée. Les niveaux de corrélation observés entre les variables étudiées sont dans l'ensemble relativement faibles, mais leur combinaison permet d’améliorer significativement les régressions. Une étude à l’échelle de la région devrait permettre de dégager des relations plus intéressantes.