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De la philosophie des concours littéraires au Burkina Faso
Abstract
The philosophy of literary competitions in Burkina Faso [French]
As an emerging country, Burkina Faso is in a situation where writers and literary production need the State's support to build up a worthwhile body of literature. To understand the role accorded to the State, we must go back in time and analyse the roles played by academies and patrons in the promotion of French literature. According to researchers, the literature of France owes its national and international influence not only to those who produced literature, but also to institutions and individuals who committed themselves to specific actions. These were the academies and patrons, each of whom concentrated on a specific area: while the academies contributed to socialize, train, acknowledge, and publicize writers, patrons gave them glory and financial reward. In Burkina Faso, it is the State, through its cultural organs, which has replaced private, individual and/or collective initiatives by contributing to the establishment of the literary corpus. The State's policy revolves around organizing literary competitions whose guiding principles are the encouragement of creators, creative freedom and the promotion of the major literary genres and award-winning writers through media coverage and publication of their works. To implement its policy, the State has instituted two competitions: the National Arts and Letters Award (Grand Prix national des Arts et des Lettres – G.P.N.A.L.) and the President's Literary Award (Grand Prix littéraire du Président du Faso – G.P.L.P.F.). The first was awarded for the 12th time in 2002 with 1008 manuscripts entered. Since 1998, the number of participants has been steadily increasing. The main reasons for this are the increases in the cash prizes awarded and the publication opportunities offered to award winners. Manuscripts accepted for this award may be in French or the three national languages (Moore, Dioula and Fulani). Created only in 1994, the G.P.L.P.F. is a recent literary competition, having been awarded only three times so far. The prizes it awards are higher than those of the G.P.N.A.L., both in cash and in kind. However, it only concerns novels. The growing Burkinabe literary corpus has thus benefited from the valuable support of the State, through the literary competitions organized by the national cultural organs.
Key Words: academies, patrons, literary corpus, literary contest, Burkinabe literature.
De la philosophie des concours littéraires au Burkina Faso
Le Burkina Faso, pays émergent, se trouve dans une situation où les écrivains et la production littéraire ont besoin d'un appui et d'un soutien de l'Etat pour constituer un champ littéraire digne de ce nom. Pour comprendre ce rôle dévolu à l'Etat, il est nécessaire de remonter dans le temps, en analysant celui joué par les académies et les mécènes dans la promotion de la littérature française. Les études ont montré que celle-ci doit son rayonnement national et international grâce non seulement aux hommes de lettres producteurs des œuvres mais aussi à tous ceux, individus comme structures qui se sont investis dans des actions bien précises; il s'agit des académies et des mécènes dont chacune est intervenu dans un domaine précis : pendant que les académies participaient à la sociabilisation de l'écrivain, à sa formation, sa reconnaissance et à l'officialisation de son personnage, les mécènes, à travers leur amour pour l'art, lui apportaient la gloire et les gratifications. Au Burkina Faso, c'est l'Etat, à travers l'administration culturelle, qui s'est substitué aux initiatives privées, individuelles et/ou collectives par sa participation à la mise en place du champ littéraire. Sa politique s'est essentiellement concentrée sur les concours littéraires dont la philosophie est guidée par l'encouragement des créateurs, la liberté de création, la prise en compte des genres littéraires dits majeurs, la promotion des lauréats par la médiatisation et la publication des manuscrits primés. Pour réaliser cette politique, deux concours ont été mis en jeu : le Grand Prix national des Arts et des Lettres (G.P.N.A.L.) et le Grand Prix littéraire du Président du Faso (G.P.L.P.F.). Le premier, qui a connu sa douzième édition en 2002, a enregistré 1008 manuscrits, avec une participation régulière et qui a évolué quantitativement depuis 1998 ; ceci grâce aux prix en espèces dont le montant s'est accru et aux opportunités de publication. Il concerne aussi bien les créations en français que dans les trois principales langues nationales (moore, jula, fulfulde). Quant au G.P.L.P.F. créé seulement en 1994, il n'a connu que trois éditions jusqu'en 1998 ; les prix qu'il offre sont plus importants que ceux du G.P.N.A.L., aussi bien en nature qu'en espèces. Il n'a concerné que le roman. Le champ littéraire burkinabè en constitution bénéficie ainsi, à travers les concours littéraires organisés par l'administration culturelle, d'une contribution inestimable de l'Etat.
Mots-clés: académies, mécènes, champ littéraire, concours littéraire, littérature burkinabè
. Tydskrif vir letterkunde Vol.41(1) 2004: 65-81
As an emerging country, Burkina Faso is in a situation where writers and literary production need the State's support to build up a worthwhile body of literature. To understand the role accorded to the State, we must go back in time and analyse the roles played by academies and patrons in the promotion of French literature. According to researchers, the literature of France owes its national and international influence not only to those who produced literature, but also to institutions and individuals who committed themselves to specific actions. These were the academies and patrons, each of whom concentrated on a specific area: while the academies contributed to socialize, train, acknowledge, and publicize writers, patrons gave them glory and financial reward. In Burkina Faso, it is the State, through its cultural organs, which has replaced private, individual and/or collective initiatives by contributing to the establishment of the literary corpus. The State's policy revolves around organizing literary competitions whose guiding principles are the encouragement of creators, creative freedom and the promotion of the major literary genres and award-winning writers through media coverage and publication of their works. To implement its policy, the State has instituted two competitions: the National Arts and Letters Award (Grand Prix national des Arts et des Lettres – G.P.N.A.L.) and the President's Literary Award (Grand Prix littéraire du Président du Faso – G.P.L.P.F.). The first was awarded for the 12th time in 2002 with 1008 manuscripts entered. Since 1998, the number of participants has been steadily increasing. The main reasons for this are the increases in the cash prizes awarded and the publication opportunities offered to award winners. Manuscripts accepted for this award may be in French or the three national languages (Moore, Dioula and Fulani). Created only in 1994, the G.P.L.P.F. is a recent literary competition, having been awarded only three times so far. The prizes it awards are higher than those of the G.P.N.A.L., both in cash and in kind. However, it only concerns novels. The growing Burkinabe literary corpus has thus benefited from the valuable support of the State, through the literary competitions organized by the national cultural organs.
Key Words: academies, patrons, literary corpus, literary contest, Burkinabe literature.
De la philosophie des concours littéraires au Burkina Faso
Le Burkina Faso, pays émergent, se trouve dans une situation où les écrivains et la production littéraire ont besoin d'un appui et d'un soutien de l'Etat pour constituer un champ littéraire digne de ce nom. Pour comprendre ce rôle dévolu à l'Etat, il est nécessaire de remonter dans le temps, en analysant celui joué par les académies et les mécènes dans la promotion de la littérature française. Les études ont montré que celle-ci doit son rayonnement national et international grâce non seulement aux hommes de lettres producteurs des œuvres mais aussi à tous ceux, individus comme structures qui se sont investis dans des actions bien précises; il s'agit des académies et des mécènes dont chacune est intervenu dans un domaine précis : pendant que les académies participaient à la sociabilisation de l'écrivain, à sa formation, sa reconnaissance et à l'officialisation de son personnage, les mécènes, à travers leur amour pour l'art, lui apportaient la gloire et les gratifications. Au Burkina Faso, c'est l'Etat, à travers l'administration culturelle, qui s'est substitué aux initiatives privées, individuelles et/ou collectives par sa participation à la mise en place du champ littéraire. Sa politique s'est essentiellement concentrée sur les concours littéraires dont la philosophie est guidée par l'encouragement des créateurs, la liberté de création, la prise en compte des genres littéraires dits majeurs, la promotion des lauréats par la médiatisation et la publication des manuscrits primés. Pour réaliser cette politique, deux concours ont été mis en jeu : le Grand Prix national des Arts et des Lettres (G.P.N.A.L.) et le Grand Prix littéraire du Président du Faso (G.P.L.P.F.). Le premier, qui a connu sa douzième édition en 2002, a enregistré 1008 manuscrits, avec une participation régulière et qui a évolué quantitativement depuis 1998 ; ceci grâce aux prix en espèces dont le montant s'est accru et aux opportunités de publication. Il concerne aussi bien les créations en français que dans les trois principales langues nationales (moore, jula, fulfulde). Quant au G.P.L.P.F. créé seulement en 1994, il n'a connu que trois éditions jusqu'en 1998 ; les prix qu'il offre sont plus importants que ceux du G.P.N.A.L., aussi bien en nature qu'en espèces. Il n'a concerné que le roman. Le champ littéraire burkinabè en constitution bénéficie ainsi, à travers les concours littéraires organisés par l'administration culturelle, d'une contribution inestimable de l'Etat.
Mots-clés: académies, mécènes, champ littéraire, concours littéraire, littérature burkinabè
. Tydskrif vir letterkunde Vol.41(1) 2004: 65-81