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La "main invisible" dans les langues et la confection de dictionnaires locaux
Abstract
Loin d'être leurs intentions, il nous semble que c'est comme mus par une main invisible, semblable à celle qui a été développée en économie par Adam Smith, que les locuteurs, dans la recherche de la performance individuelle, soient conduits à contribuer à l'enrichissement de leurs langues sans que cela soit leur intention. Pour Adam Smith, c'est en recherchant l'enrichissement personnel que les individus enrichissent aussi la nation. Pour lui, c'est une main invisible qui les conduit à atteindre un objectif qui n'était pas dans leurs intentions, d'autant plus que c'est dans ce cas qu'ils sont bien plus rentables à la société que s'ils avaient l'intention d'y contribuer. C'est fort des ces similarités entre les faits de la main invisible en économie, et ce qui semble être les manifestations des mêmes faits dans les langues, que nous tentons d'y suggérer l'énonciation de la même théorie. Utiliser une théorie économique pour expliquer certains faits de langues n'est pas nouvelle. Le sociolinguiste français Louis-Jean Calvet a trouvé une similarité entre la loi du marché, qui détermine la valeur d'échange d'une monnaie, et les valeurs respectives des différentes langues du monde qui sont soumises à leur degré de diffusion. En nous appuyant sur la théorie de la main invisible en économie, nous discuterons d'abord de l'énonciation de cette même théorie dans les langues, avant d'examiner ses implications dans la confection de dictionnaires au Gabon. Pour mener à bien ce travail, nous nous référons exceptionnellement au dialecte fang ntoumou de Bitam, pour ce qui est naturellement applicable aux autres langues du Gabon.
Mots clés: Dictionnaires, experts, langues, lexicographie, locuteurs, main invisible
The "Invisible Hand" in Languages and the Compilation of Local Dictionaries
Although it is not their intention, it seems that dictionary users are often guided by an invisible hand similar to the one developed in economy by Adam Smith. By seeking individual performance, they end up contributing to the development of their languages without being their intention. To Adam Smith, it is by seeking personnel development that people develop the nation as well. According to him, it is an invisible hand that leads them to reach that purpose which was not their intention, and as a result they turn out to be more profitable to society than if it had been their intention to make that sort of contribution. Regarding these similarities between the manifestations of the invisible hand in economy and in languages, this paper is an attempt to enunciate the same theory in languages. Using a theory from the field of economy to explain facts in languages is not a new approach. The French sociolinguist Louis-Jean Calvet founded a similarity between the law market which determines the exchange value of a currency, and the respective values of the differ ent languages in the world which correspond to their degree of diffusion. Referring to the invisible hand in economy, we discuss first the enunciation of the same theory in languages, before analyzing the implications for the compilation of dictionaries in Gabon. This paper refers specifically to Bitam fang ntoumou dialect, for an analysis which is obviously also relevant to other Gabonese languages.
Keywords: Dictionaries, experts, invisible hand, languages, lexicography, speakers