Violence communautaire et réversibilité du sentiment d’insécurité chez des populations de duékoué et d’Abobo, Côte d’Ivoire

Abstract

Les mutations politiques en Côte d’Ivoire ont toujours engendré des violences, et accentué une fracture sociale importante entre les différentes communautés. Les divergences politiques se traduisent alors sur le terrain par des violences entre communautés selon l’interprétation du NOUS et EUX et de la double dynamique de marketing des identités communautaires et d’exacerbation de la violence politique. Face aux atrocités, les populations finissent par développer une perception négative des transitions politiques, toute chose qui alimente leur sentiment d’insécurité. L’histoire récente de la société ivoirienne suggère que le sentiment d’insécurité semble prendre des colorations communautaires et évolue selon les mutations politiques. On note à cet
effet une réversibilité du sentiment d’insécurité. L’analyse des données collectées auprès de 521 personnes issues de Duekoué et d’Abobo, à l’aide de la technique d’échantillonnage de convenance suggère que les populations de ces deux localités développent un sentiment d’insécurité réversible. Par ailleurs, les résultats indiquent que la réversibilité du sentiment d’insécurité en lien avec les mutations politiques s’explique par l’impunité, la catégorisation sociale, la victimisation et la frustration.

Mots-clés : Violence, communauté, ethnicité, réversibilité du sentiment d’insécurité, Duékoué, Abobo.

English Title: Community violence and reversibility of insecurity sense in Dukekoue and Abobo populations, Ivory Coast

The political transformations in Cote d’Ivoire always engendered violence, and stressed important social inequalities between the various communities. The political differences are then translated on the ground by violence between communities according to  the interpretation of WE and THEY and the double dynamics of marketing of the community identities and the exacerbation of the political violence. In front of atrocities, the populations eventually develop a negative perception of the political transitions, any-thing which feeds their feeling of insecurity. The recent history of the Cote d’Ivoire society suggests that the feeling of insecurity seems to take community colorings and evolves according to the political transformations. We note for that purpose a reversibility of the feeling of insecurity. The analysis of data collected with 521 participants stemming from Duekoué and from Abobo, by means of the technique of sampling of suitability suggests that the populations of these two localities develop a reversible feeling of insecurity. Besides, the results indicate that the reversibility of the feeling of insecurity in connection with the political transformations is understandable by the impunity, the social categorization, the victimization and the frustration.

Keywords: violence, community, ethnicity, reversibility of the feeling of insecurity, Duekoue, Abobo