Distribution des filarioses dans une zone de transition savane-forêt du Cameroun, impact sur la prise en charge: cas de l'Aire de santé de Ntui, Département du Mbam et Kim

Abstract

Une enquête prospective transversale a été effectuée le long de la zone de transition forêt-savane de l'Aire de Santé de Ntui pour le dépistage des filarioses par le diagnostic le diagnostic clinique et le diagnostic parasitologique. Le diagnostic parasitologique a été fait au moyen de la goutte épaisse et la biopsie cutanée exsangue. Il a révélé un taux de prévalence des filarioses de 33,19% dans l'ensemble des villages. Onchocerca volvulus, Loa loa, Mansonella perstans sont les espèces de filaires observées avec des taux de prévalences respectives de 26,38%, 5,53% et 4,7%. Les associations parasitaires observées sont : O. volvulus-Loa loa , Loa loa-M.perstans , O. volvulus-M.perstans . Aucun cas
d'association triple n'a été rencontré. Tous les cas d'association  O.volvulus-Loa loa sont observés au-delà de 13 km du fleuve. En fonction de la distance au fleuve, O. volvulus est la seule espèce filarienne observée jusqu'à 6 km du fleuve où le taux de prévalence est de 33,3%. Les premiers cas d'infection par Loa loa sont observés au-delà de 6km du
fleuve et le taux de prévalence de la loase augmente au fur et à mesure qu'on va vers la forêt. Le tout premier cas d'infection par M.perstans est observé à la lisière de la forêt. Par l'examen clinique, les sujets positifs à l'examen parasitologique ont été classés en sujets asymptomatiques et sujets symptomatiques. Parmi les cas latents, des cas de coinfection par Loa loa ou M. perstans et O. volvulus ont été observés. Chez les formes patentes, les signes cliniques majeurs observés sont cutanés ou oculaires. La fréquence de ces signes n'a pas de corrélation statistiquement
significative avec la présence de microflaires Loa loa. Ces observations permettent de suggérer qu'en zone de transition savane-forêt,  l'administration de l'IVM dans les villages voisins de la forêt et les villages forestiers soit précédée systématiquement de précautions spéciales permettant de prévenir ou de prendre en charge les effets indésirables graves liées à la co-infection avec les filaires Loa loa. Ces précautions sont valables tant pour les formes latentes que pour les formes patentes.
Mots clés : filarioses, prise en charge, zone de transition, Cameroun.

A prospective cross-sectional survey of filiariasis undertaken among residents of four villages of the savannaforest transition zone in the Ntui Heath area by means of parasitological diagnosis and clinical diagnosis.
Parasitological diagnosis consisted of thick blood smear and skin-snip test whereas clinical diagnosis consisted of a questionnaire and observation of visible signs on the whole body. Parasitological data revealed a 33,19% overall filaria prevalence rate. Three main species were identified after thick blood smear and skin snip test namely Onchocerca volvulus, Loa loa, Mansonella perstans at prevalence rates 26,38%, 5,53% and 4,7% respectively. Among infected persons, some presented parasitic associations observed are O. volvulus + Loa loa 2,5%, Loa loa + M. persatns 0,9%, O. volvulus + M. perstans 0,4%. None of the resident harbored the three species. According to distance from the Sanaga River, O. volvulus was the lone specie observed up to 6km were the prevalence rate was 33,3%. Infection by Loa loa appears beyond 6 km and prevalence rate increases as one approaches the edge of the forest. Mansonella
perstans was absent in the savanna and the first case infection appears at the edge of the forest. The nearest parasitic association between O. volvulus+Loa loa appears in the savanna area beyond 13 km from the river bridge. Clinical examinations separated infected persons into latent and patents. Latent residents have no symptom of filarial infection while clinical symptoms seen in patent subjects were mainly cutaneous and ocular. These included itching, nodules, tearing, reduction of visual acuity, photophobia, migration of macrofilaria under conjunctiva. These clinical symptoms are not statistically related to the presence of Loa loa microfilaria. These observations suggests that community directed distribution of Ivermectin acting in a savanna-forest transition zone should be preceded by preventive measures to prevent severe adverse events.that sometimes occur during mass ivermectin treatment notably in case of coinfection with Loa loa. Such caution is valuable either for asymptomatic and symptomatic residents.

Keywords: filariasis, management, transition area, Cameroon