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Moabi (Baillonella toxisperma Pierre): Arbre à usage multiple de forêt dense humide du Cameroun
Abstract
Le Moabi est un grand arbre de la forêt dense humide du Cameroun. Cet arbre à usages multiples, est recherché par l’industrie forestière pour la qualité de son bois et par les populations rurales pour ses produits autres que le bois tels l’écorce et les racines pour leurs importances médicinales, les fruits pour la fabrication d’huile. Ces formes d’exploitations concurrentielles, très souvent sans soucis de durabilité ont considérablement réduit les populations d’arbres, avec pour conséquence la rareté des produits dérivés. Face à cette forte pression anthropique qui s’exerce sur le Moabi dans le sud Cameroun, il a paru nécessaire d’effectuer une étude socioéconomique et écologique dans les villages à fortes activités d’exploitation. En effet, la compréhension des atouts socioculturels et des divers liens et usages que les ruraux tissent autour de cet arbre, l’estimation des stocks disponibles dans les terroirs villageois est un préalable impératif à l’élaboration des règles de gestion durable. Les enquêtes auprès des utilisateurs et les inventaires forestiers ont été réalisés dans sept villages. La distribution de cette espèce est estimée à 0,8 arbre/ha pour les individus d’un diamètre à 1,3 m supérieur à 10 cm. Cet arbre revêt une importance socioculturelle et incarne des pouvoirs divins indéniables pour 65% des ruraux. Les femmes représentent 56,5% des exploitants des produits forestiers non ligneux issus de cet arbre. Elles sont plus que les hommes, tributaires de l’exploitation des fruits et des écorces du Moabi. De ce fait, elles sont les principales victimes des conflits d’intérêts. Les écorces et le latex sont utilisés en pharmacopée. La production d’huile à partir des fruits peut générer jusque 1 050 000 Fcfa de rentrées financières dans le village Melondo. L’importance de ce gain incite à promouvoir l’extraction d’huile de Moabi dans le cadre de la diversification des sources de revenus et de la lutte contre la pauvreté.
Mots clés: Moabi, usages multiples, gestion soutenue, communauté rurale, Cameroun