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Perceptions endogènes et utilisations des feuilles de Moringa oleifera en milieu rural de la République du Niger: cas des régions de Tillabéri et de Maradi
Abstract
Au Niger, la malnutrition était plus préoccupante en milieu rural. Bien que la culture du Moringa soit répandue, les perceptions et les utilisations des feuilles de Moringa oleifera par les populations locales étaient méconnues. L’objectif de cette étude visait à contribuer à une meilleure connaissance des sources d’approvisionnement, des perceptions endogènes sur les valeurs nutritionnelles, économiques et des utilisations des feuilles de Moringa oleifera dans les zones rurales de Maradi et Tillabéri. La méthodologie de collecte et d’analyse des données a été basée sur des observations, des entretiens individuels, des focus groups, des tests de préférences des consommateurs, des analyses des composantes principales et de l’ANOVA. Un échantillon aléatoire de 524 ménages a été enquêté au niveau de quelques communes de ces deux régions. Les résultats de l’étude ont montré que la consommation des feuilles de Moringa a été perçue comme utile pour être en bonne santé (100%). Le séchage solaire (10%) et la cuisson à l’eau (9%) ont été perçus comme les paramètres unitaires qui affectaient négativement la qualité des feuilles de Moringa pendant la transformation (p ≤ 0,05), comparés au lavage (1%), effeuillage (1,5%), blanchissement (3,7%) et broyage (4%). Les sources d’approvisionnement des populations en feuilles de Moringa étaient l’autoproduction des villages (40%), la production de la commune (21%), les achats à partir des communes d’autres régions (21%) et des communes voisines (18%). Les feuilles de Moringa autoproduites étaient principalement destinées à l’autoconsommation (36%), à la vente (32%), aux cadeaux et aumônes (32%) avec des disparités en considérant individuellement les régions. Par ailleurs, les résultats ont ressorti dix-neuf (19) formes d’utilisation des feuilles de Moringa dont 17 à Maradi et 14 à Tillabéri et les plus significativement dominantes et communes aux 2 zones d’étude (p ≤ 0,05) étaient les feuilles sèches (8,5-13,5%), feuilles bouillies en pure (8,5-13,5%), feuilles bouillies en association (9-13,5%), salade des feuilles cuites (7,5-13,5%), feuilles crues en pure (6,5-8,5%), salade des feuilles crues (7,5-8%) et poudre des feuilles sèches (5,5-6,5%). Des formes d’utilisation innovantes, nutritionnelles et économiques comme feuilles précuites sèches, farine infantile et gâteaux ont été identifiées uniquement à Maradi. Des quantités significativement élevées de 460 et 623 g étaient consommées aux fréquences de 1 fois/jour et 2 fois/jour respectivement à Maradi et à Tillabéri. Les feuilles fraiches et feuilles sèches étaient moins chères dans les 2 zones d’étude. En revanche, les feuilles précuites sèches et semences étaient plus chères à Tillabéri qu’à Maradi (p ≤ 0,05). Les perceptions et les utilisations des feuilles de Moringa oleifera par les populations rurales sont bien élucidées.
Englis title: Indigenous perceptions and utilizations of Moringa oleifera leaves in rural areas of Niger Republic: cases of Maradi and Tillabéri regions
In Niger, the malnutrition was more preoccupant in rural areas. Although, Moringa cultivation was spread, the perceptions and the utilizations of Moringa oleifera leaves by local populations were unknown. The objective of this study aimed to contribute to a best awareness about the indigenous perceptions on nutritional, economic values and the utilizations of Moringa oleifera leaves in the rural zones of Maradi and Tillabéri. The methodology for data collection and analysis were based on the observations, individual interviews, focus groups and consumers’ preferences tests, analysis of principal Components and ANOVA. A random sample of 524 households were surveyed at the level of some communes of these two zones. The consumption of Moringa leaves was perceived by 100% households to have good nutritional and medicinal benefits as useful to be in good health. The solar drying (10%) and water cooking (9%) were perceived as the parameters that ffected negatively the quality of Moringa leaves during processing (p ≤ 0,05), as compared to washing (1%), thinning (1,5%), blanching (3,7%) and grinding (4%). The supply of Moringa leaves to rural populations was done from the auto production of the villages (40%), the production of the commune (21%), the purchases from other regions (21%) and the purchases from neighboring communes (18%). The Moringa leaves auto produced were principally destined to the auto consumption (36%), to the sells (32%), to the gifts and alms (32%) with the disparities when considering the individual zones of study. The results had showed also a diversity of nineteen (19) forms of Moringa leaves utilization among which 17 from Maradi and 14 from Tillabéri. The most significantly dominant and common forms of utilizations (p ≤ 0,05) were dried leaves (8,5- 13,5%), cooked leaves in pure (8,5-13,5%), cooked leaves in association (9-13,5%), salad of cooked leaves (7,5-13,5%), raw leaves in pure (6,5-8,5%), salad of raw leaves (7,5-8%) and powder (5,5-6,5%). Some innovative, nutritional and economic forms of utilization like precooked leaves, infant powder composites and cakes were identified only in Maradi. Otherwise, high quantities of 460 and 623 g of Moringa leaves were consumed at the frequencies of 1 times/day and 2 times/day respectively in Maradi and Tillabéri. Fresh and dried leaves were the cheapest in the 2 zones while precooked leaves and seeds were the most significantly expensive in Tillabéri than in Maradi (p ≤ 0,05). The perceptions and the utilizations of Moringa leaves from rural populations were well elucidated.