Main Article Content
La «domestication» des ignames dioscorea abyssinica dans les sous-prefectures de sinende et de bante au Benin (afrique de l’ouest)
Abstract
Face à labaisse de la productivité des cultivars existants, certains producteurs développent des stratégies d’amélioration : l’une d’entre elles consiste à cultiver des ignames sauvages pour obtenir de nouvelles variétés. Des terroirs de deux aires culturelles du Bénin (Bariba au Nord et Nagot au Centre) ont été choisis en 1999 et 2000 pour étudier ce savoir faire, les méthodes utilisées et les raisons de l’adoption
ou de l’abandon de l’ennoblissement (ou domestication). L’enquête a été réalisée dans 240 exploitations de la sous-préfecture de Sinendé (aire culturelle Bariba) et de la sous-préfecture de Banté (aire culturelle Nagot).
A Sinendé, vingt et un paysans «domesticateurs» ont été recensés (1,2 % des producteurs d’igname des cinq terroirs) et quinze à Banté (5,7 % des producteurs). De nombreux génotypes de Dioscorea abyssinica («dika» en Bariba, «arabayé» ou «Itchou okinkon» en Nagot), sont sélectionnés dans les friches proches des champs suivant la taille des tubercules et leurs qualités gustatives. Les tubercules subissent certains stress morphogénétiques dont la double récolte pendant plusieurs années
consécutives. Les meilleurs produits de la domestication sont mélangés à d’anciennes variétés locales : Orou Yinsingui, Soagona, Kpakara, Soussou, Dani, Kpouna, Kpanhouri souanrou, Moroko à Sinendé et Afo, Odor, Simini, Mondji, Gnamaro à Banté. Dans les huit terroirs, la domestication est aussi motivée par la recherche de bonnes variétés disparues, le désir de vérifier d’anciennes connaissances reçues et la recherche de boutures pour l’agrandissement ou l’installation de nouveaux champs.
Les abandons sont dus à l’acquisition de cultivars par d’autres moyens et à la faible plasticité morphologique des plantes issues des tubercules sauvages collectés. La domestication est considérée par les Bariba comme déshonorante bien que les dikasoient employés dans la pharmacopée et les rites magiques visant à augmenter les rendements ou protéger la culture d’igname.
The traditional farming system of the yam in Benin (4th world producer) is
threatened by the decrease of the productivity of the existing cultivars, the lack of methods of conservation of the varieties, and the exhaustion of the rich soils. Taking into account these problems, the producers develop strategies for improvement such as the use of the wild yams. Several villages of two ethnic group areas of Benin (Bariba and Nagot) were studied in 1999 and 2000 with aims of knowing: (1) the importance of this local knowledge, (2) the methods used, (3) the reasons of the adoption or the abandonment of domestication. The investigation was carried out in
240 farms: 150 in five villages of the district of Sinendé and 90 in 3 villages of the district of Banté. 86 farmers having practise at least once were listed (62 in Sinendé and 24 in Banté). In Sinendé, the 21 currents “domesticators” represent 1.2 % of the yam producers. The 15 in Banté represent 5.7 % of the yam producers. Many genotypes of Dioscorea abyssinica (called "dika" at Sinendé, "arabayé" or "Itchou okinkon" at Banté), are selected in savannah or long-term fallow according to the
size of the tubers and their taste. The tubers undergo certain treatments such as double harvest during several years. In Banté, many alternatives were observed according to the evolution of the collected tubers, in particular the use of the distal part of the wild yams. The installation of an obstacle in the mound the first year was observed only in Sinendé. The best products of domestication are mixed with the existing stock of varieties. Domestication is considered by Bariba’s people as
dishonouring although the wild yams are used in pharmacopoeia and magic rites aiming to increase the outputs or to protect the yam fields. In the eight villages, the main purpose of domestication is not declared creation of new varieties but it is justified by (1) the search for good disappeared varieties; (2) the desire to check old received knowledge; (3) the search for “seed” beets for the enlarging or the installation of new field.