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Agrodiversite, gestion paysanne et importance de Dioscorea praehensilis Benth. Dans la zone subhumide du Togo
Abstract
Dioscorea praehensilis Benth. constitue une importante igname dans certains pays de
l’Afrique de l’ouest et du centre car elle y contribue à la sécurité alimentaire et à la
réduction de la pauvreté. Au Togo, bien que cette espèce soit cultivée à des fins de
consommation par certaines populations locales depuis longtemps, elle demeure
marginale. L’objectif de cette étude est d’inventorier la diversité de D. praehensilis
cultivé appelé bayèrè dans la zone forestière du Togo, d’analyser sa distribution, d’en
documenter les valeurs socioculturelles, économiques, alimentaires et les pratiques
paysannes de gestion. Pour ce faire des enquêtes ethnobotaniques semi-structurées à
l’échelle individuelle et celles de focus groupes ont été conduites dans 34 localités
auprès des producteurs de D. praehensilis et complétées par des observations de
terrains. Les données recueillies ont été analysées par la statistique descriptive et les
résultats présentés sous forme de tableaux et de figures. Selon la couleur du tubercule,
les producteurs distinguent quatre types de bayèrè cultivés à savoir le bayèrè « blanc »,
le bayèrè « noir », le bayèrè « jaune » et le bayèrè « rouge ». Ces bayèrè sont obtenus
par transplantation et mise en culture d’individus sauvages dans les agroforêts ou dans
les jardins de case ou leur préservation lors de l’implantation des agroforêts. Le bayèrè
blanc est présent chez tous les producteurs enquêtés (100%) alors que les trois autres
sont signalés chez moins de 50% des enquêtés. 45% des unités de production de bayèrè
sont des jardins de case et 55% des agroforêts. L’héritage (70%), le don (28%) et
l’achat (1,2%) des semences assurent le maintien, la transmission et la diffusion des
bayèrè et le bouturage la conservation de leur pureté. Les qualités culinaires (100%), la
productivité élevée (100%), la bonne régénération (65%) sont les plus déterminants
dans le maintien des bayèrè. La faible valeur commerciale (34%), la récolte difficile
(25%), le manque de semenceaux (23%), l’inadaptabilité aux zones sèches (25%), le
recul de la forêt (24%), la perte des valeurs culturelles (20%), la scolarisation des
jeunes (21%) sont les principales contraintes à la production des bayèrè et contribuent à
la perte de leur diversité. Cette espèce négligée fait partie du patrimoine économique,
biologique, sociale, culturelle locale et dispose d’une potentialité non négligeable lui
permettant de jouer un rôle important dans le maintien des moyens de subsistance, le
bien-être humain et l'amélioration de la santé.
Mots clés: Igname, bayèrè, Dioscorea praehensilis, agrodiversité, gestion, valeurs,
contraintes, conservation, sud- ouest Togo