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La privatisation des espaces publics dans la ville de Yaoundé (Cameroun) : le cas des activités commerciales
Abstract
La ville de Yaoundé est remarquable pour son cosmopolitisme. De ce fait, on y trouve représentées toutes les ethnies du Cameroun. Cette interculture nous permet de constater que les individus appartenant à la même aire culturelle se retrouvent souvent ensemble, si bien que dans certains quartiers, on a l’impression d’être dans des villages. Cette ruralisation ou, mieux, cette villagisation entraîne une occupation abusive de l’espace et des conflits fonciers à peine dissimulés entre les autochtones et les allochtones de cette ville. On observera ainsi que, pendant les cérémonies: les routes sont barrées et ce, parfois pendant des jours. Les espaces verts, eux, subissent l’assaut des activités culturales. L’autre phénomène qui pose problème est celui de la vente des terrains publics par les autochtones qui s’en réclament propriétaires. Notre préoccupation porte sur l’occupation des espaces publics pour les activités commerciales. A ce propos, il n’est pas rare dans la ville de Yaoundé de voir les trottoirs occupés par le petit commerce et des espaces publics réquisitionnés par des particuliers pour construire ou implanter des boutiques ou autres hangars commerciaux. Et lorsque l’Etat, légitime propriétaire, tente de résoudre ce problème de domanialité, il se heurte à la résistance des « envahisseurs » qui ne veulent plus s’en aller, au point qu’il est obligé de faire appel à la violence. Une analyse anthropologique de ce phénomène nous amène à relier l’occupation anarchique de l’espace public à la ruralisation du milieu urbain ; elle est conséquente du fait que, les autochtones, qui n’ont plus de village et veulent conserver un certain traditionalisme, se font propriétaires de ces espaces. Le regroupement des individus selon leurs obédiences ethniques les amène à considérer ces lieux comme leurs fiefs d’origine.