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Géophilosophie et déterritorialisation chez Gilles Deleuze : esquisse d’une nouvelle citoyenneté dans l’espace public postnational
Abstract
En nette rupture avec la métaphysique traditionnelle qui pensait le sujet humain en terme d’un Moi hypostasié, stable, rationnel, identique à soi, conscient de soi, autonome et assigné à un lieu ou une « Polis » aux normes circonscrites, G. Deleuze, sous le prisme conceptuel de la « Géophilosophie » repense la condition destinale de l’homme d’une manière nouvelle. S’adossant sur les catégories nietzschéennes du tragique et du dionysiaque, Deleuze tente de défonder le sujet rationnel chéri par la philosophie classique pour soutenir l’idée d’un sujet irrationnel, esthétisant, déshistorisé, délocalisé, mobile, flexible, plurielle, décentré, nourrit à la sève d’une identité « rhizomique » et ouvert aux flux du monde. Dans la mesure où les flux sont toujours aléatoires et mutants et que le décentrement nie toute identité stable ou tout lieu d’assignation, Deleuze esquisse une véritable politique de l’hybridisme, du nomadisme, l’errance et de l’exil qui valorise à chaque fois les « lignes de fuites » comme principe de la « déterritorialisation ». Que signifie déterritorialiser sinon « faire passer des flux à l’état libre sur un corps sans organe désocialisé ». Arrachant le sujet humain des cadres institutionnels rigides et des pouvoirs étatiques établis, Deleuze entend émanciper celui-ci de tous les « codes » pour laisser s’exprimer en lui les désirs décodés. Il s’agit donc d’une libération du désir comme « processus schizophrénique ». Pour Deleuze, le devenir universel, c’est-à-dire l’Histoire a pour fin « la production désirante dans sa libération à l’égard de la production sociale ». C’est donc le désir qui est déterritorialisant.