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(Re)produire, marquer et (s’)approprier des « lieux (publics) de ville » par les mots ou comment les murs (dé)font les langues à Dschang
Abstract
Dans cette contribution, nous voulons interroger ce « désordre » linguistique dans une ville camerounaise marquée comme on le sait du sceau du plurilinguisme. Autrement dit, il est question de voir comment les murs (enseignes murales ou publiciaires) y font les langues, c’està- dire, construisent des pratiques linguistiques hétérogènes, mais aussi comment ces mêmes murs défont les langues, les modifient de manière « inconsciente et permanente », ou, à contrario, comment les langues font ou défont les murs. On est donc ainsi amené à constater que l’espace public est aussi un « espace discursif » et le lieu même du « désordre » linguistique où ce qui est important, ce n’est pas ce que les gens parlent ou écrivent, mais comment ils parlent et écrivent, communiquent « dans ce désordre, ou malgré ce désordre, voire même grâce à ce désordre », comment les langues ont « mise en scène » et s’affichent publiquement. Nous partons de l’observation indirecte des pratiques linguistiques faite sur un corpus non sollicité d’énoncés publicitaires (toponymes, enseignes diverses) recueillis lors d’une enquête de terrain menée en 2007 dans la ville de Dschang. Cette méthodologie relève dans l’ensemble, de l’Analyse du Discours telle que l’ont pensée Bulot et Veschambre (2006b), c’est-à-dire, une analyse du « procès d’appropriation de l’espace », de son « marquage » langagier.