Main Article Content

Decentralisation, espaces participatifs et l'idée de l'indigénisation de l'État africain: le cas des communes maliennes


Clemens Zobel

Abstract

Résumé

L'article propose une évaluation du processus de décentralisation au Mali à partir d'une analyse de la création de trois communes rurales et de leur interaction avec l'État. En traitant la politique d'information, le découpage des communes, la mise en place des structures de représentation politique et l'élaboration des plans de développement, il est démontré que l'appropriation du modèle communal a été structurée par les différentes formes d'États que la population a connu depuis la période précoloniale. Ces expériences renvoient à la figure commune d'une «indigénisation» caractérisée par un rapport entre pouvoir central et «indigènes» sous forme de médiation et prédation, assujettissement et stratégies d'évitement. Malgré une adaptation informelle aux modes de représentation locale et l'émergence de nouveaux acteurs politiques, les espaces communaux sont marqués par un déficit de participation. Cette situation est dans une grande mesure due au fait que le travail de construction des espaces participatifs au niveau villageois n'a pas été envisagé. En présentant la réforme sous l'image d'une synthèse avec une culture politique «traditionnelle», tout en suivant une démarche institutionnelle «de haut en bas», les architectes de la réforme n'ont pas pu répondre au défi de créer des espaces d'expérimentation politique qui intégreraient tous les acteurs.


This paper attempts an evaluation of the decentralisation process in Mali based on analyses drawn from the creation of three rural communities and their interaction with the state. Through an analysis of the information policy, division of communities, setting up of structures of political representation and drawing up of development plans, the paper demonstrates that the community model was influenced by the various state models that the people have experienced since the pre-colonial period. These experiences all relate to a form of \'indigenisation\' characterized by a relationship between the central power and ‘indigenes', in the form of mediation and predation, and of control and circumventing strategies. Despite informal adaptation to modes of local representation, and emerging new political players, there is lack of participation in the community space. This is due to the fact that creating space for participating at the village level was not considered. Presenting reform as a ‘traditional' political culture, while following an institutional ‘top-bottom' approach, those advocating for reform were not able to meet the challenge of creating space for political experimentation which would involve all the players.

Africa Development/Afrique et développement Vol.XXIX, No 2, 2004: 1-6

Journal Identifiers


eISSN: 0850-3907