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La diaspora africaine et l’identité biculturelle : Enjeux et défis pour la réinvention de l’Afrique


José Mvuezolo Bazonzi

Abstract

L’Afrique dispose d’une diaspora formée, dotée de compétences diversifiées, et susceptible de jouer un rôle primordial dans son développement. Jusqu’ici, l’observation a montré que l’action des associations des diasporas en faveur du continent reste remarquable, via les transferts de fonds, dans les activités d’économie sociale (transport urbain, développement des micro-financements, bâtiments sociaux, coopératives …) et dans le renouvellement des infrastructures socioéconomiques de base (écoles, centres de santé, etc.). Ces initiatives sont certes louables et encourageantes, mais il manque encore cruellement l’organisation de cette diaspora en une entité dotée d’une conscience et d’une identité spécifiques en tant que communauté rattachée à une région d’origine, et de ce fait redevable, d’une manière ou d’une autre, des actions concrètes en vue de la réinvention de l’Afrique. Cette réinvention passe nécessairement par le développement d’une identité biculturelle, à même de tisser, de retisser et de raffermir à jamais de solides liens transnationaux et transgénérationnels avec le continent. La biculturalité dont il est question ici devrait être axée sur deux éléments clés, à savoir la genèse d’une nouvelle culture et le développement intégral. Le premier volet de ce vaste programme ambitieux sur le processus de réinvention de l’Afrique suggère une réinvention même d’une nouvelle culture qui ne serait ni entièrement africaine, ni totalement étrangère, mais qui serait à cheval entre les deux précitées et qui s’enrichirait des apports des deux cultures (exemple : rôle de la socialisation technologique dans le modèle culturel asiatique). Le second volet cherche à repenser le développement du continent (rôle crucial de l’éducation et du travail dans le modèle occidental). Cet article se propose donc de revisiter les possibilités qu’offre la diversité culturelle du continent africain dans le but d’insuffler dans la diaspora une nouvelle identité culturelle, tout en mettant en évidence les divers enjeux et défis de cette biculturalité pour la réinvention de l’Afrique. Des matériaux théoriques (approches systémiques d’A. Mabogunje et des réseaux  transnationaux de D. Massey) et empiriques tires des terreaux culturels africain, asiatique (société japonaise, chinoise et coréenne) et occidental seront utilement mobilisés pour étayer la thèse de l’identité biculturelle.



Africa has a trained diaspora, with diverse skills and likely to play a key role in its development. Up to now, observation has shown that the action of diaspora associations in favor of the continent remains remarkable, through remittances, social economy activities (urban transport, development of micro-finance, social buildings, cooperatives, etc.) and the renewal of basic socio-economic infrastructure (schools, health centers, etc.). While these initiatives are commendable and  encouraging, there is a glaring lack of organization of this diaspora as an entity  endowed with a specific awareness and identity as a community attached to their home region and, in one way or another, liable for concrete actions for the reinvention of Africa. This reinvention necessarily involves the development of a bicultural identity capable of forging, re-forging and strengthening forever  transnational and transgenerational ties with the continent. The biculturality  discussed here should focus on two key elements: the genesis of a new culture and integral development. The first part of this vast and ambitious program on the  process of Africa’s reinvention suggests the very reinvention of a new culture which is neither entirely African nor totally foreign but which falls between the two   aforementioned and would be enriched by the contributions of both cultures  (example: the role of technological socialization in the Asian cultural model). The second part seeks to rethink the continent’s development (the crucial role of  education and work in the Western model). This paper proposes to revisit the  possibilities offered by the cultural diversity of the African continent in order to  instill in the diaspora a new cultural identity, while highlighting the various issues and challenges of this biculturality for the reinvention of Africa. Theoretical  materials (A. Mabogunje’s systemic approaches and D. Massey’s transnational networks) and empirical materials drawn from the African, Asian (Japanese, Chinese and Korean) and Western cultures will be usefully mobilized to support the thesis of bicultural identity.


Journal Identifiers


eISSN: 0850-3907